Lucie Pastureau et Lionel Pralus
Photographies imprimées sur carton puis perforées.
Format : 80 x 90 cm
Portraits d'anciens ouvriers ou travailleurs du textile et de jeunes adultes de l'école de la Seconde Chance de Roubaix.

Inspirés par les cartes perforées qui, lorsqu'elles sont apparues, ont bousculé et transformé les métiers du textile, Lucie et Lionel choisissent de s'emparer de ce qui devient pour eux un motif et de venir ajourer de grands portraits d'anciens ou de nouveaux travailleurs qu'ils réalisent à Roubaix. Un langage formel qui fait échos au morse ou bien au braïe (en négatif) vient dérouler le récit illisible et parcellaire de la vie de chacun.
Apprendre un métier, construire sa vie professionnelle et parfois perdre son emploi, c'est une transformation des individus, un changement en soi. Ces portraits mettent en visage des destins croisés sur plusieurs générations. Les uns ont connu la mise au travail très tôt (avec une orientation qui souvent n'était pas un choix) et se sont retrouvés pour la plupart dans les années 70/80 confrontés au licenciement économique. Ils ont dû alors rebondir et trouver un autre emploi, refaire une ou des formations ; certains se sont aussi retrouvés en retraite anticipée. Les autres, les plus jeunes, ont eu des parcours scolaires difficiles et sont en recherche d'une orientation possible.
Le monde du travail s'est complètement transformé entre ces deux générations, notamment avec les évolutions industrielles, l’apparition de l'informatique, la transformation du monde ouvrier. Les temps et les rythmes de travail ont changé, on ne reste plus dans une même entreprise toute sa vie durant.
Et pourtant, on peut trouver des rapprochements entre ces différentes figures : le travail continue à nous définir dans la sphère sociétale.

Projet tiré de « On va la mettre à la couture », commande de la Manufacture de Roubaix et du service patrimoine de la ville. Lionel Pralus et Lucie Pastureau nous livrent leurs recherches photographiques sur la mémoire du textile à Roubaix. Ils ont respiré l’esprit des lieux, fouillé dans les archives, rencontré des anciens travailleurs textiles et de jeunes adultes vivant et étudiant sur ce territoire. Ils proposent ici une vision sensible et éclatée de ce qu'ils ont pressenti de la ville et de son passé. Ils viennent tisser des liens entre passé et présent, entre petites et grande histoire et tracent leur propre cartographie poétique, décalée et fragmentée de la ville.